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Psychologie et méthodologie des apprentissages : généralités et différenciation

La pédagogie Decroly

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1.   Présentation de la méthode Decroly

 

Ovide Decroly est né le 23 juillet 1871 et est décédé à Uccle en 1932. Il a suivi une formation médicale à Gand où il est devenu médecin. Il a ensuite passé une année à Berlin, où il s’est redirigé vers la neuropsychiatrie et la psychologie. Il s’est beaucoup intéressé au traitement des maladies du système nerveux.

Une fois de retour en Belgique, il se consacrera à l’enfance dite « anormale ». 

Il se rendra alors rapidement compte que les méthodes d’enseignement utilisées à l’époque sont peu efficaces et il décidera de créer son propre système pédagogique. Dans ce système, l’enfant va être placé au centre de l’apprentissage (ce qui sera tout à fait nouveau pour l’époque) et cela dans un milieu riche et varié permettant de stimuler au maximum les potentialités des élèves.   

 

Ovide Decroly sera également responsable de la formation d’enseignants spécialisés.

En 1901, il deviendra le médecin chef d’une petite clinique : « L’Institut d’Enseignement Spécial - Laboratoire psychologique du Dr Decroly ». Cet établissement accueillait des enfants dits « anormaux ».

Suite au succès de cette « clinique – école », Ovide Decroly ouvrira une seconde école, destinée cette fois aux enfants dits « normaux » : l’école de l’Ermitage. 

Pour Ovide Decroly, l’éducation est un moyen de faire progresser la société. En effet, au travers de sa pédagogie, il veut former des enfants pour qu’ils deviennent, plus tard, des citoyens responsables, solidaires, autonomes et capables d’assumer leurs rôles sociaux (travailler, ...).

 

Les objectifs de la méthode Decroly sont l’autonomie et le développement de l’enfant au travers de moyens tels que l’expression, l’observation, l’expérimentation et bien d’autres.

Ovide Decroly, étant persuadé de l’importance de travailler à partir des intérêts des enfants,a fondé sa méthode sur les besoins fondamentaux, à savoir : 

 

  • Se nourrir 

  • Se reposer

  • Se protéger du froid et des intempéries 

  • Se défendre 

  • Produire / travailler 

 

La méthode decrolyenne est fondée sur 4 grands principes : 

 

  • Les centres d’intérêts de l’enfant : ils sont au centre de l’apprentissage car ils permettent de toucher l’affectivité et la curiosité des élèves et cela favorise la stimulation de l’intelligence et la motivation.  De plus, travailler en centres d’intérêts permet également de faire des liens entre différentes matières et de réutiliser des savoirs dans d’autres situations afin de les intégrer. 
    « Quand ils sont fondés sur les besoins primaires et individuels, les intérêts deviennent le levier par excellence du développement de l’enfant. » [1] (Jean Houssaye, 2006, pg. 30).
     

  • La globalisation : cela consiste à partir de choses concrètes, de ce que l’enfant vit, voit, observe, pour ensuite aller plus tard vers des choses plus précises et plus abstraites. En fait, c’est simplement une façon de respecter le fonctionnement de l’enfant en partant de choses signifiantes pour lui avant d’aller vers les détails beaucoup plus abstraits.
    Pour illustrer ce principe, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture se faisait avec la méthode globale. En effet, en partant de textes et de phrases, nous partons de choses qui sont signifiantes pour ensuite aller vers des notions beaucoup plus abstraites comme les lettres.
     

  • La classe laboratoire : dans la pédagogie decrolyenne, la classe se transforme en atelier. Les apprentissages ne se font plus uniquement dans un local fermé mais se font, aussi et surtout, dans tous les autres lieux : au musée, dans la cuisine, au milieu d’un parc, dans la rue, ... C’est pour cela qu’on dit de la pédagogie decrolyenne qu’elle est une « pédagogie de l’éclatement des lieux d’apprentissages ». [2] (Jean Houssaye, 2006, pg. 30). Les lieux d’apprentissage sont donc beaucoup plus variés que dans une pédagogie plus traditionnelle. L’expérimentation et le droit à l’erreur prennent alors la place des cours magistraux lors desquels les enfants n’ont qu’à « mémoriser » des informations qui leurs sont données. Grâce aux classe laboratoires, ce sont les enfants qui construisent leurs connaissances. 
     

  • L’importance de l’environnement naturel : en effet, la nature est un lieu qui met l’enfant en situation de découverte car elle renferme un nombre incalculable de sujets que les enfants peuvent exploiter. La nature sert de source à l’expression, à l’observation, à la réflexion, ...  De plus, elle permet également aux élèves de prendre conscience de leur identité et d’analyser leur fonctionnement. 

 

Dans cette pédagogie, l’enseignant tient une place très importante. Ovide Decroly définit le profil du « maitre decrolyen » comme suit : « Peu de mots, beaucoup de faits. Il montre, fait observer sur le vif, analyser, manipuler, expérimenter, confectionner, collectionner ».
[3] (Annie Gurickx).

Le pédagogue insiste aussi sur le fait que l’apprentissage doit partir des enfants, de leurs observations, de leurs expériences, de leurs centres d’intérêts, ... Il est donc important que l’enseignant propose aux élèves des sujets qui les intéressent et des problématiques qui leur parlent car cela favorisera énormément leur motivation et donc leurs apprentissages. 

L’enseignant a comme rôle d’observer et de guider les élèves dans leurs activités, de travailler le plus possible en interdisciplinarité et il doit également faire preuve de bienveillance envers l’enfant.

 

Pour ce qui est de l’organisation des apprentissages, il n’y a pas d’horaire, de manuel ou de programme dans cette pédagogie. Tout se fonde sur les idées, les intérêts et les projets des enfants. Ils ont le choix du sujet qu’ils veulent travailler. 

En effet, les enfants proposent les thèmes qui les intéressent, puis procèdent ensuite à une négociation lors de laquelle un plan de travail va être mis en place. Ce projet peut durer quelques jours mais il peut également aller jusqu’à plusieurs mois, voir même parfois une année complète. Un tableau à double entrée sera alors construit pour y inscrire les thèmes qui seront travaillés et les moyens utilisés (visites, rencontre, travail de groupes ...).

 

S’il fallait résumer la pédagogie de Decroly en une seule phrase, ce serait certainement celle-ci : « Par la vie, pour la vie »
[4] (Jean Houssaye, 2006, pg. 30).

Une école « pour la vie » car l’un des objectifs de Decroly est de préparer les enfants à la vie (aux responsabilités, à l’autonomie, au travail, ...) afin qu’ils deviennent des citoyens épanouis.

Une école « par la vie » car c’est au travers de la vie que l’enfant apprend. C’est en étant en contact avec la nature, avec les autres enfants et avec les animaux, par exemple, que l’enfant comprendra qu’il fait partie de tout un système, d’une société, d’une chaine.

 

[1] Houssaye, J., (2006) Ovide Decroly, Le nouvel éducateur, 29-31. En ligne https://www.icem-freinet.fr/archives/ne/ne/182/182-29.pdf.

[2] Houssaye, J., (2006) Ovide Decroly, Le nouvel éducateur, 29-31. En ligne https://www.icem-freinet.fr/archives/ne/ne/182/182-29.pdf.

[3] Gurickx, A. (s.d.). Ovide Decroly. En ligne  http://www.histoire-des-belges.be/quelques-celebrites-belges/ovide-decroly, consulté le 16 novembre 2018.

[4] Houssaye, J., (2006) Ovide Decroly, Le nouvel éducateur, 29-31. En ligne https://www.icem-freinet.fr/archives/ne/ne/182/182-29.pdf.

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2.   Critique positive et négative :

 

Critique négative :

 

Après de nombreuses recherches sur la pédagogie decrolyenne, je reste sceptique par rapport aux apprentissages « en centres d’intérêts ».

Evidemment partir des sujets proposés par les enfants est très intéressant et cela joue un rôle non négligeable sur leur motivation mais, je me demande si tous les apprentissages peuvent vraiment être réellement acquis de cette manière. 

 

Je suis consciente que dans cette pédagogie il n’y a pas de programme et donc pas de matière « obligatoire » à voir mais je pense qu’il y a des matières, des sujets, dont les enfants ont besoin pour pouvoir plus tard se débrouiller dans la vie et être autonomes et auxquels ils ne penseraient peut-être pas instinctivement. Je pense donc que l’idéal serait de « mixer » des périodes d’apprentissages qui seraient amenées par les enfants, en fonction de leurs intérêts et des périodes amenées par l’enseignant qui pourrait alors faire découvrir aux enfants des thématiques auxquelles ils n’auraient pas spécialement pensé seuls mais dont ils auront besoin dans leur avenir.    

 

Critique positive :

 

Le principe des classes laboratoires est un élément particulièrement intéressant dans la pédagogie de Decroly. 

En tant qu’institutrice primaire, je me sens vraiment concernée par cela. En effet, lors de mes stages, à plusieurs reprises, j’ai eu la chance, de vivre ou de faire vivre des activités « à l’extérieur », c’est à dire en dehors des murs de l’école. Que ce soit lors d’une balade en forêt, lors d’une semaine de classe de dépaysement à la mer ou encore lors d’un séjour à la ferme, je me suis rendu compte de l’impact positif que cela avait sur les enfants.  

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En effet, il m’a semblé évident que la motivation des enfants était fortement améliorée lorsqu’ils sont en dehors de la classe. Le fait d’être à l’extérieur semble les éveiller davantage et ils ont l’air beaucoup plus curieux. 

Que ce soit en tant qu’institutrice ou en tant que futur orthopédagogue, je pense qu’il est très important d’emmener les enfants à l’extérieur, sur le terrain. Je suis absolument convaincue, tout comme Ovide Decroly l’était, des bienfaits d’emmener les enfants à l’extérieur et de l’importance de leur faire découvrir et construire des apprentissages le plus possible en dehors de la classe. Plus les apprentissages seront contextualisés (et donc vécus sur le terrain, manipulés, ...), mieux ils pourront être mémorisés. 

 

Cependant Je suis également  consciente qu’il n’est pas toujours possible d’emmener les enfants sur le terrain. Prenons l’exemple d’une enseignante qui souhaite faire découvrir les champignons aux enfants mais qui travaille dans une école en plein centre-ville. Si aucune sortie scolaire n’est possible et qu’elle ne trouve vraiment aucune solution pour amener les enfants en forêt, je pense qu’il sera important qu’elle s’arrange pour amener un « bout de la forêt » dans la classe. Elle pourrait par exemple apporter en classe des champignons récoltés en forêt etc. De cette manière, les enfants auraient quand même quelque chose de concret à partir de quoi ils pourraient travailler.

 

3.   Liens avec le cours 

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Pendant les cours nous avons travaillé le concept de l’estime de soi

Je pense que la méthode decrolyenne favorise vraiment le développement de l’estime de soi des enfants car ils sont au centre de l’apprentissage. Ils travaillent autour de thèmes qui les intéressent et sont donc plus motivés. Ils n’ont pas d’examens ou de tests, ils n’ont pas d’évaluation ni de points. Ils ne peuvent donc pas être en échec, contrairement aux écoles ordinaires où chaque matière est évaluée et où les enfants reçoivent un bulletin avec leurs notes et les moyennes de la classe.  

 

Un autre élément qui, pour moi, favorise le développement de l’estime de soi des enfants est la façon dont l’erreur est perçue. Dans des pédagogies plus traditionnelles, même si c’est de plus en plus rare, certains enseignants n’acceptent pas l’erreur, ils ne la valorisent pas du tout. Les enfants ayant ces professeurs comme titulaires risquent donc de se sentir incapables à cause de la façon dont l’enseignant voit l’erreur. En fait, ils voient l’erreur comme un échec. 

 

Pour Decroly, l’erreur n’est pas un échec mais un tremplin. Elle permet d’apprendre, de découvrir, de s’améliorer. Elle est mise en avant. Les enfants sont donc beaucoup plus ouverts à essayer, à tester, à prendre des risques. Ils ont plus confiance en eux et ont donc, j’en suis convaincue, une meilleure estime de soi. 

 

Pour finir, un autre élément qui favorise l’estime de soi des enfants est le sentiment d’appartenance. Comme nous l’avons appris durant les cours, nous avons tous besoin d’être reconnu par les autres, de nous sentir utile, de comprendre qu’on tient une place importante parmi nos amis, notre famille, etc.

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Dans la pédagogie de Decroly, les enfants développent énormément leurs compétences sociales. Par exemple, lors de la grande négociation qui précède chaque apprentissage et lors de laquelle chaque enfant peut exposer son point de vue. Les élèves doivent alors également écouter celui des autres et ensuite ils pourront, tous ensemble, discuter pour choisir le sujet qu’ils vont travailler. Les enfants sont également régulièrement invités à travailler en groupe. La socialisation tient une place importante dans cette pédagogie puisque l’un de ses objectifs principaux est de préparer les élèves à devenir des futurs citoyens épanouis. 

Je suis donc convaincue que les élèves d’une classe en pédagogie decrolyenne ont un grand sentiment d’appartenance et qu’ils sont conscients de la place et de l’importance qu’ils prennent dans le groupe. 

 

4.   Bibliographie :

 

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Professeur : Nathalie Genard

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