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Dysphasie 

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Professeur : Sylvie Frère 

 

Recherches personnelles 

 

« Un enfant qui est atteint d’un trouble dys est un enfant qui possède une intelligence tout à fait normale.

Simplement, il est touché par un dysfonctionnement localisé dans une zone du cerveau qui perturbe son apprentissage

dans tel ou tel domaine, mais pas dans les autres. »

(C’est par sorcier : Les troubles Dys, 2015).

 

J’ai beaucoup aimé cette phrase, entendue dans un « C’est pas sorcier » car je trouve qu’elle résume très bien ce qu’est un trouble « dys » de manière générale.  Je pense donc qu’il est intéressant, avant d’aller plus loin dans la dysphasie, de rappeler qu’une personne dysphasique possède bien une intelligence normale, ce n’est pas parce qu’elle a un trouble du langage que son cerveau a un déficit ! 

 

Pour la réalisation de ce travail, j’ai eu envie de faire des recherches supplémentaires sur la dysphasie de manière globale. C’est un trouble d’apprentissage que je n’avais pas tout à fait bien compris. Il m’a donc semblé intéressant de chercher des informations supplémentaires sur ce trouble afin de pouvoir mieux le comprendre et mieux le différencier des autres. 

 

La dysphasie est un trouble sévère de compréhension et/ou d’expression du langage. C’est un trouble d’origine neurologique qui restera présent durant toute la vie de la personne. 

Les problèmes de compréhension et/ou d’expression ne sont pas liés à : 
 

-  des troubles auditifs ou neuromoteurs ;

-  une déficience mentale ;

-  de l’autisme ;

-  des troubles émotionnels.

 

Ce trouble touche environ 2% des enfants et plus particulièrement les garçons. 

 

La dysphasie peut prendre différentes formes : 

 

  • la dysphasie expressive : difficultés de structuration du langage ;

  • la dysphasie réceptive : difficultés de compréhension verbale ;

  • la dysphasie mixte : les deux versants du langage sont touchés (expressif et réceptif). 

 

Il existe différents sous-types de dysphasie : [1]

 

  • la dysphasie phonologique : mauvaise prononciation (syllabes, mots, ...) ;

  • la dysphasie sémantique : confusion dans le sens des mots ;

  • la dysphasie lexicale : manque de mots ;

  • la dysphasie syntaxique : difficultés dans la structure grammaticale et dans l’ordre des mots ;

  • la dysphasie pragmatique : difficultés à comprendre les codes de la communication (pourquoi communiquer, comment, ...) ;

  • la dysphasie phonétique : confusion des sons.

 

[1]Schyns, M.-M. (2018). La dysphasie. Besoins spécifiques d’apprentissage. Aménagements raisonnables. (Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles). 

 

Voici quelques comportements typiques d’un enfant dysphasique : 

 

  • hypo-spontanéité ou hyper-spontanéité : l’enfant s’exprime très peu en classe par peur d’être incompris ou aura, au contraire,tendance à parler sans attendre d’avoir la parole ;

  • mauvaise estime de soi ;

  • l’enfant a difficile à comprendre le second degré, ce qui est implicite ;

  • il lui est également compliqué de différencier, parmi des informations, celles qui sont essentielles et celles qui sont moins importantes ;

  • articulation compliquée ;

  • parfois, il y a une substitution de lettres ou une déformation des sons ;

  • difficultés à construire des phrases complexes (car difficultés avec l’ordre des mots) ;

  • mauvaise compréhension des notions de « passé-présent-futur » et donc difficultés à les utiliser correctement ;

  • grande fatigabilité ;

  • difficultés à terminer les tâches, à aller jusqu’au bout du travail ;

  • il aura également difficile à s’adapter en cas de changement ;

  • estime de soi assez faible ;

  • sentiment de frustration lié à sa difficulté de se faire comprendre / de comprendre les autres ;

  • . . .

 

 

Que dois faire l’orthopédagogue (ou l’enseignant) ? 

 

  • mettre en place un outil de communication entre lui, l’enseignant, les parents de l’enfants et les autres professionnels qui travaillent avec l’enfant. 

  • faire preuve de patience et de bienveillance face aux difficultés de l’enfant 

  • encourager l’enfant 

  • valoriser ses progrès, ses compétences 

  • réaliser des activités qui suivent une routine afin qu’elles deviennent un automatisme pour l’enfant 

  • placer l’enfant à une place stratégique (loin des distracteurs, des fenêtres, proche de l’enseignant ou de l’orthopédagogue, ...) 

  • donner des consignes claires et s’assurer d’avoir l’attention de l’enfant avant de les donner

  • travailler étape par étape, corriger une chose à la fois

  • utiliser uniquement le recto des feuilles (pas le verso) et numéroter les pages quand il y en a plusieurs 

  • laisser l‘enfant choisir l’outil qu’il souhaite utiliser pour écrire.

  • autoriser l’usage de l’ordinateur et de logiciels spécialisés 

  • . . .

​

Après avoir résumé ce qu’était la dysphasie, les différents types de dysphasie qui existent et certains « signaux d’alerte » à repérer pour soupçonner une dysphasie, j’ai eu envie de m’intéresser à l’insertion d’un enfant dysphasique dans sa famille, et à la manière dont son handicap était accepté (ou non) par ses proches. 

​

« Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents » 

 

J’ai regardé une émission de « Dans les yeux d’Olivier » dans laquelle plusieurs parents témoignent par rapport au(x) handicap(s) de leur enfant. 

Parmi les parents interrogés, le témoignage de Stéphanie m’a beaucoup touché. 

J’ai retranscrit quelques extraits qui me semblaient les plus pertinents.  

​

Olivier : « Je suis allé à la rencontre de Stéphanie, une maman divorcée et célibataire qui élève seule ses 3 enfants, dont Flavien, 7 ans. Depuis sa naissance, ce petit garçon souffre de problèmes de langage et de comportement. Grâce à l’aide d’une AVS, il arrive à suivre une classe de CP classique. Pour Stéphanie, le combat a commencé il y a près de deux ans. C’était en août 2010, et il me semble qu’elle n’a toujours pas accepté le diagnostic. Dès notre rencontre, je la sens fragile. » 

 

Stéphanie : « Il est dysphasique phonologique syntaxique. Donc c’est un trouble du langage, plus ou moins sévère. »

 

Olivier : « Est-ce que vous le trouviez différent, avant d’avoir le diagnostic ? »

​

Stéphanie : « Oui, il était différent dans son comportement (il avait des crises de colère), sa parole, sa façon d’être en général. Tout ce qu’il voulait, il allait le chercher lui-même, ou il nous le montrait mais il ne le désignait pas par la parole.  

Je crois que c’est en moyenne section que je me suis vraiment dit qu’il y avait un problème. (...). Il était très en retrait dans la classe, il ne faisait pratiquement pas ses exercices. L’école c’était une galère pour lui. 

Les enfants dysphasiques, ils ont tendance à se mettre en retrait parce qu’ils n’ont pas la parole (et que la parole c’est rentrer en communication avec l’autre, c’est la base) et du coup à cause de ça il s’est mis en retrait. 

Quand j’arrivais un peu plus tôt, il était souvent au grillage, il attendait que j’arrive. »

 

Olivier : « À cette époque, Flavien passe une série de tests chez des spécialistes et le résultat tombe, il est dysphasique. 

Comme la plupart des parents dans ce cas-là, Stéphanie fonce sur internet chercher des réponses pour se rassurer et tenter de comprendre. Pourtant, les médecins sont tous d’accord sur ce point : aller sur internet est plus destructeur qu’autre chose car on y trouve tout et n’importe quoi. »

​

Stéphanie : « J’ai cherché le terme dysphasique et là j’ai fait des recherches sur les différents sites qu’il y a (et il y en a beaucoup) et j’ai commencé à lire des témoignages, des définitions sur la dysphasie, et sur son évolution. Du coup ça fait peur. Tout s’écroule parce qu’il faut faire le deuil de l’enfant « normal » et se dire “mon enfant est différent, comment vais-je faire pour l’accompagner ? “. C’est très difficile car vous n’avez personne pour vous expliquer, pas de médecin pour vous dire ce que va devenir votre fils, ce qu’on va mettre en place, qu’est-ce qu’on va pouvoir faire pour lui. Vous êtes seul. (...) Je pense que le mot « handicap » fait peur, je me suis renfermée pendant 10 mois. (...) J’ai eu le diagnostic l’année dernière au mois d’aout, et j’ai recommencé à m’ouvrir au mois de mai... J’ai surprotégé mon fils, cherché des solutions, multiplié les dossiers pour faire tout ce que j’avais à faire. » 

 

Olivier : « Et comment vous avez fait pour sortir de ces 10 mois de repli sur soi ? »

Stéphanie : « Au bout de 10 mois, j’ai assumé le handicap de Flavien. J’ai accepté et je pense que j’ai pris conscience que de toutes façons ce combat je le mènerai seule. Et le fait d’intégrer ça m’a permis de sortir de ma coquille et de me dire “ma cocotte, Flavien n’a que toi, et c’est à toi de te débrouiller, c’est à toi de le faire avancer et c’est à toi de te battre“ ». (Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

​

 

Ce premier passage m’a beaucoup touchée. Il m’a permis de prendre conscience qu’une dysphasie touche également beaucoup l’entourage de la personne qui en est affectée. Bien sûr, nous en avions déjà parlé lors de nos cours, nous avions déjà vu qu’il était important, en tant qu’orthopédagogue, de communiquer avec la famille et de mettre des choses en place pour l’aider aussi. 

J’en étais consciente, mais le fait d’avoir vu cette maman aussi désemparée face au handicap de son fils m’a vraiment touchée. 

Je n’avais pas imaginé qu’une dysphasie pouvait rendre les parents aussi désemparés. En fait, je n’avais pas réellement conscience de l’importance des effets de ce trouble d’apprentissage. 

Durant les différents cours sur les troubles d’apprentissage, mon point de vue sur ceux-ci a beaucoup évolué. Auparavant, je n’y avais jamais encore été vraiment confrontée, je pensais que c’était simplement des difficultés anodines qui ne pouvaient pas être aussi handicapantes. Et surtout, je n’imaginais pas que les parents pouvaient se sentir aussi décontenancés.

 

Cette première partie de témoignage m’a permis de comprendre l’importance du rôle de l’orthopédagogue avec les parents d’un enfant porteur d’un trouble d’apprentissage. 

Il va apporter un éclairage sur l’explication du handicap et va également aider la famille à accepter le trouble de l’enfant. 

Comme Stéphanie l’a expliqué précédemment, ils vont devoir faire le deuil de l’enfant normal, le deuil d’une situation idéale. Ils devront tous commencer par accepter ce handicap pour pouvoir, ensuite, vivre avec et apprendre à progresser malgré ce trouble. 

 

 

     Conversation entre Olivier et le papa de Flavien : 

 

Olivier : « Et comment vous envisagez l’avenir de Flavien ? Vous arrivez à vous projeter ? A l’imaginer dans l’avenir ? »

 

Le papa : « Je m’interroge beaucoup sur “est-ce qu’il aura les moyens d’être autonome, d’avoir une vie normale (pouvoir lire, écrire, compter, passer son permis de conduire, fonder une famille, trouver du boulot...)“. Voilà c’est vraiment un objectif. » 

 

Olivier : « Et vous pensez que ça se fera ? »

 

Le papa : « Oui... » (Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

 

     Olivier et Stéphanie :

​

Olivier : « Stéphanie a besoin d’être rassurée, elle souffre d’être seule à assumer le handicap de Flavien au quotidien. Elle se sent obligée d’y consacrer 100% de son temps, quitte parfois, à s’oublier elle-même. » (...)

 

Stéphanie : « Je pense que je serai fière de moi le jour où Flavien aura son premier emploi et qu’il fera un métier qu’il aime. Et là je serai fière de moi. Et je serai très très très fière de lui. »

 

Olivier : « Ce soir, en quittant toute la petite tribu, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur l’avenir de Flavien.  Que deviennent ces enfants lorsqu’ils sont adultes ? Restent-ils différents et exclus du système ? Ont-ils une chance, un jour, de recoller au plotons et de vivre une vie comme les autres ? » (Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

​

Ces extraits soulignent la problématique de l’enfant dysphasique. 

Là encore, je me rends compte que, si pour certains, mettre des outils en place se résume à apporter des aménagements, pour l’enfant, à l’école, cela ne se résume pas qu’à cela ! 

En tant que future orthopédagogue, mon objectif est de rendre l’enfant dysphasique le plus autonome possible, par exemple en lui proposant l’utilisation d’un ordinateur.  Mais il faut également réfléchir à proposer d’autres adaptations et aménagements pour améliorer la vie quotidienne de l’enfant, tant sur le plan scolaire que sur le plan familial.

 

     Discussion avec Stéphanie : 

​

Olivier : « Entre le Flavien d’il y a 6-8 mois, est-ce qu’il y a une différence ? »

 

Stéphanie : « Oui, il s’est métamorphosé. »

​

Olivier : « Et à quoi elle est due cette métamorphose vous pensez ? »

 

Stéphanie : « Je ne sais pas, je pense qu’il se sent mieux dans ses baskets, il se sent plus en confiance, il a pris ses marques. Depuis qu’il est en CP il a vachement changé. » (Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

 

La première raison qu’utilise la maman pour parler des progrès de Flavien est la confiance. Ce n’est ni la psychomotricité, ni la kinésithérapie, ni la logopédie, mais la confiance.

Cela démontre l’importance de valoriser les enfants, de les encourager, de les féliciter, qu’ils soient ordinaires ou atteints d’un trouble d’apprentissage. Cela ne peut leur apporter que des bénéfices 

​

     Discussion avec la grande sœur, 10 ans : 

 

Olivier : « C’est quoi ton rôle de grand frère ? »

​

La sœur : « C’est de l’aider à progresser, moi ce que je veux c’est que mon frère il soit comme les autres, même si je sais qu’il ne pourra pas être toujours comme les autres. Je dois le tirer vers le haut, je dois m’en occuper. Moi ma tâche c’est de lui apprendre à mieux lire, à mieux écrire, à mieux parler. »

 

Olivier : « Et toi qui le voit tous les jours, tu as l’impression de le comprendre vraiment ? » 

 

La sœur : « Des fois oui, des fois un petit peu moins, mais oui, j’arrive à le comprendre. » (Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

 

Ce passage nous livre les impressions de la sœur de Flavien. Elle doit également faire le deuil d’un frère « normal ». Elle aimerait qu’il soit normal, même si elle sait qu’il ne le sera jamais vraiment parfaitement. 

Le rôle de l’orthopédagogue sera de l’aider à accepter cette situation et à trouver comment être présente pour son frère tout en gardant sa place de grande sœur.  

 

     Extrait du témoignage de Jean Philippe, 24 ans : 

​

Olivier : « Il est marié et est devenu ingénieur en aéronautique, après avoir obtenu un master 2. Il a eu une enfance et une adolescente compliquées mais il a pu surmonter son handicap et le regard des autres grâce à ses parents . » 

 

Sa mère : « Un enfant dysphasique peut réussir, peut aller en master, et je dis aux mamans “votre enfant il a le droit à l’éducation, autrement que par les cris“».

 

Olivier : « Jean Philippe va devoir toute sa vie se battre avec les mots et l’orthographe, mais son parcours montre à quel point tous les espoirs sont permis pour les familles d’enfants dysphasiques. Jean Philippe en est l’exemple vivant : il est désormais autonome. » 

(Dans les yeux d’Olivier : Parents d’enfants différents.2018.) 

 

Je n’ai pas grand-chose à ajouter à ce beau témoignage, je trouve que c’est une belle façon de clôturer ces recherches sur la dysphasie. La dysphasie est un trouble d’apprentissage sévère de la compréhension et/ou de l’expression du langage. Elle a une origine neurologique et restera présente tout au long de la vie de la personne mais rien ne l’empêchera de devenir autonome si elle a la chance d’être bien entourée et bien prise en charge. 

 

A nous, futurs orthopédagogues, de leur donner des outils dont ils se serviront tout au long de leur vie.

 

​

 

Bibliographie :

 

  • Courant, F. & Gourmaud, J. (2015). Les troubles Dys. Bruno Bucher (réalisateur).  C’est pas sorcier. France. 
    En ligne https://www.youtube.com/watch?time_continue=67&v=7jaeNhjz2rQ.

  • Chantreau- Béchouche, C. &Carlier, M. (2018). DYS, TDAH, EIP. Le manuel de survie pour les parents (et les profs).  Ed. Josette Lyon. 

  • Delacroix, O. (2018). Dans les yeux d’Olivier : parents d’enfants différents. En ligne https://www.youtube.com/watch?v=EkezbBAaCbw&feature=youtu.be&fbclid=IwAR2PW6gmd0Iiw_bio3iMWQY9HhVdGQgndiCZZtVan0ZTwUAYuRIjh5i2TR4.

  • Schyns, M.-M. (2018). La dysphasie. Besoins spécifiques d’apprentissage. Aménagements raisonnables. (Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles).

  • Schyns, M.-M. (2018). Ai-je un élève dysphasique en classe ? (Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles). 

  • Schyns, M.-M. (2018). Que faire pour un élève dysphasique en classe ? (Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles). 

 

 

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